Guy Lamy expose au caveau de Saint-Ursanne

 

« Le petit café » de Guy Lamy

 

Au caveau de Saint-Ursanne

 

Un immense succès pour Guy Lamy

 

Douze jours avant la fin de son exposition, le peintre Guy Lamy peut être fier de l’immense succès remporté chez les amateurs jurassiens.

 

Il est bon de rappeler que Guy Lamy est né à Paris, dans le quartier de Montmartre, le 14 décembre 1914 d’un père tourangeau et d’une mère fribourgeoise. Marié, père de quatre enfants dont une fille avocate et un fils prêtre dont il dit avec humour : « Je l’appelle mon Père et il me répond oui mon enfant »... Durant la dernière guerre, il passa cinq ans dans les camps de prisonniers allemands et il eut, alors, tout loisir de peindre, son rêve et sa passion de toujours.

 

Décorateur

 

Guy Lamy débuta en peignant des décors de théâtre. Il gagna une sorte de renommée en exécutant ceux de « Dédé d’Anvers » d’Aschebè. Mais ensuite, ce fut la peinture, et elle seule, qui l’absorba. Et s’il exposa un peu partout en France et jusqu’à Osaka (Japon), il eut à coeur de venir souvent exposer en Suisse, la patrie de sa mère. Bâle, Bellelay, Bienne, Genève, Delémont, Saint-Ursanne le virent et le revirent fidèlement, au cours des dernières années.

 

Les grands prix et les musées

 

Entretemps, Guy Lamy s’était vu attribuer le Grand Prix du Salon d’automne de la ville de Paris 1970 ; la médaille d’or de Tarrare en 1969 ; le Prix des critiques d’art de la Galerie Saint-Placide en 1967. Et le Musée d’art moderne, à Paris, faisait l’acquisition de son « Coucher de soleil sur Honfleur » en même temps que le Musée de l’Arsenal à Paris achetait le « Portrait du chanoine Kirr ».

 

L’exposition du Caveau

 

Parmi les très belles toiles accrochées à la cimaise du Caveau, les portraits et les paysages semblent se répartir équitablement les places. Je relèverai pour ma part la grande toile des « Femmes en prières ». La couleur dominante est sombre, les visages torturés des vieillardes, implorants de toutes, s’opposent à la clarté qui illumine les traits de la plus jeune ; là, il y a de l’espoir et de la foi.

 

« Le marché aux boutons à Porrentruy » rutile de couleurs, de naïveté, de vérité. Le grand parasol orange, près du Café des Trois-Tonneaux, jette sa vive flamme au milieu des silhouettes un peu floues des badauds évoluant sous un ciel gris.

 

« L’église an bord du canal » élève son clocher fondu dans la grisaille d’un ciel d’hiver, tandis que l’eau calme pareille à celle d’un étang ne reflète que des masses indistinctes dans les fonds glauques de ses profondeurs. Le grand tableau de « L’attente » suggère toute une histoire et l’on pourrait rêver à ce qui pousse cette jeune femme en robe rose qui tient sur son bras un enfant aux jambes nues à demeurer ainsi, figée, devant sa fenêtre ouverte. Le paysage qu’on aperçoit par cette fenêtre n’est guère exhaltant. C’est une haute façade de banale maison citadine. Et dans cette rue, tout est bleu fondu dans le gris. Est-ce à cette étouffante médiocrité que rêve d’échapper la jeune femme en robe rose ?

 

Mon préféré

 

J’ai gardé pour la fin le pur chef-d’oeuvre qu’est un tout petit tableau grand comme les deux mains, « Le vieux peintre chinois ». Visage ascétique, traits burinés, regard que l’on devine plein de douceur bien qu’il soit à peu près noyé sous l’ombre des arcades sourcilières. Sa palette rectangulaire dans la main gauche, le pinceau en suspens dans la main droite, le vieillard va donner une touche légère à l’oeuvre qu’il a entreprise. Et nous, fascinés, nous le regarderions pendant une éternité, sans savoir que la terre tourne, que le temps passe et que, comme dans les contes de notre enfance, nous risquerions de nous réveiller un siècle plus tard. N’est-ce pas le propre des chefs-d’oeuvre de nous faire ainsi oublier le temps ? (thr)

 

Guy Lamy expose encore au Caveau à Saint-Ursanne jusqu’au 21 octobre, Les portes sont ouvertes tous les jours (sauf le lundi), de 14 à I8 heures. Le samedi et le dimanche, de 14 à 22 heures.

 

Source : « Le Pays » 10 octobre 1984

 

 

 

Autres articles :

 

« Guy Lamy, un Parisien devenu Ajoulot » (mars 2012)

 

« Hommage à Maurice UTRILLO » par Guy Lamy (décembre 1971)

 

« Guy Lamy - les fleurs du coeur » par Max Joli (mars 1966)

 

 

 

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