Trincot peignait au galop !
De l’avis de tous les critiques, et à l’unanimité, c’est en s’attaquant au cheval que Trincot a atteint la plénitude de son talent et de son génie jusqu’à faire dire à Follot : « Trincot aurait dû s’appeler Philippe et non pas Georges ! »
En vrai conquérant, il est entré dans la toile à cheval, tantôt au trot, tantôt au galop, marquant parfois un temps d’arrêt, histoire d’admirer le paysage et d’accorder un moment de répit au cavalier et à sa monture.
Certains journalistes l’ont comparé, à juste titre, à Dufy et à Géricault. Trincot a été élevé dans un haras en Suisse, voilà ce qui explique son engouement quasi obsessionnel pour le cheval. On a eu raison de dire que Trincot est la plus belle conquête du cheval. On serait tenté de dire « Trincot est le cheval » au lieu de « Trincot et le cheval ».
« Le cheval est mon dada » disait souvent, non sans malice, Georges Trincot. Il a peint divers sujets, or c’est en peignant les chevaux qu’il a atteint la plénitude de son art. Du cheval au galop au cheval à vapeur, Trincot s’est mesuré au mouvement engendré par l’évocation de ses deux thèmes favoris lui ayant permis de se dépasser et de fixer sur la toile tout ce qui veut échapper au regard. Il a rejeté la fixité et l’immobilisme au profit du mouvement et de la mobilité : Trincot peignait au galop !
Que le monde est beau dans les merveilleux tableaux de Trincot offrant au cheval la liberté de se mouvoir dans l’espace pictural. N’a-t-il pas dit un jour : « dans ma belle et âpre solitude devant la toile blanche, mon ami le cheval est venu à mon secours pour m’aider à explorer l’immensité du champ pictural ».
Source : Mustapha Chelbi « L’oeuvre de Georges Trincot, catalogue raisonné », page 77