Guy Lamy (1914 - 2000)

ARTICLES DE PRESSE

 

Exposition de Guy Lamy au château de Pleujouse

 

Du 15 mai au 6 juin 1976

 

Château de Pleujouse - Encre de Chine de Guy Lamy (non signé, collection privée)

 

De nombreux visiteurs ont déjà fait le déplacement pour visiter l’exposition Guy Lamy au château de Pleujouse, qui fermera ses portes dimanche 6 juin. Voici le texte de présentation de M. André Denis, lors du vernissage

 

« Présenter Guy Lamy, est-ce nécessaire ? Tous ses amis qui sont là et qui sont venus cet après-midi dans ce magnifique château de Pleujouse le connaissent déjà (et qu’apporteront mes mots ?)

 

Mais il faut sacrifier à la tradition et, dût sa modestie en souffrir, tracer la biographie de Guy Lamy à grands traits. Ensuite, nous regarderons ensemble les ceuvres présentées ici, et nous demanderons à Guy Lamy de nous aider à pénétrer dans ses oeuvres.

 

BIOGRAPHIE

 

Guy Lamy est né en 1914 à Montmartre, de père angevin et de mère fribourgeoise. II est donc né dans le quartier des peintres par excellence, à l’ombre du Sacré-Cœur, pas très loin du « Lapin agile ». Dans les années trente, il est élève des Beaux-Arts, où il travaille dans l’atelier de Devanbèze. Il est l’ami de Marquet, d’Utrillo. Pour lui, la référence par excellence, c’est Rembrandt. II admire aussi les impressionnistes, surtout Sisley.

 

Puis en 1939, il, a 25 ans, c’est la guerre, la mobilisation, la campagne de 1940, et ensuite les mornes années de captivité, jusqu’en 1945. Après la guerre, Guy Lamy reprend ses pinceaux et son chevalet, mais aussi, pour assurer l’ordinaire il brosse des décors de théâtre et fait de la décoration publicitaire.

 

La notoriété va venir : il est membre des Placidiens, qui doivent leur nom à la galerie Saint-Placide, près de Montparnasse. Il est sociétaire du Salon des artistes indépendants, du Salon d’automne et du Salon d’art moderne. Il est aussi vice-président des peintres de Chatou.

 

Guy Lamy est déjà fort connu en Suisse et tout particulièrement dans le Jura. Je cite, pêle-mêle, ses principales expositions dans notre région : Delémont, Bellelay, Bienne, Roche-d’Or, Porrentruy, Bâle. Et aujourd’hui, Guy Lamy revient à Pleujouse, avec une soixantaine d’oeuvres, pour la plupart récentes, qui nous permettent de percevoir l’évolution actuelle de Guy Lamy.

 

RÉSOLUMENT FIGURATIF...

 

Guy Lamy est un peintre figuratif, résolument figuratif. Il nous présente des huiles et des gouaches : beaucoup de paysages, villes et campagnes, dans le Jura : Banfol, Soubey, Saint-Ursanne, Porrentruy ; aussi quelques impressions de Paris et de Normandie. Peu de personnages, en tout cas dans les paysages, quant il y en a. Ils ne sont en fait qu’un élément anecdotique et passent comme absorbés par le paysage.

 

Mais lorsque Guy Lamy peint des hommes et des femmes, alors le paysage disparaît, l’arrière-plan s’estompe, et quelle puissance !

 

Quant aux paysages qui forment l’essentiel de la présentation, ils sont tout imprégnés de lumière, de la lumière du Jura en particulier. Le dessin est là, certes, mais il n’est pas préétabli, il naît de la juxtaposition, de l’interpénétration des couleurs. Ce qui est l’essentiel, pour Guy Lamy, c’est la restitution d’une impression fugitive, d’un état momentané et pourtant caractéristique du ciel. Guy Lamy n’est pas, i1 me 1’a confié, un peintre du midi. Aux couleurs brutales, il préfère les couleurs bleutées et estompées du Jura. Il restitue les formes sans mollesse, mais aussi sans violence du relief jurassien.

 

Et les couleurs, là il y a une sensible et récente évolution. Il y a des teintes assourdies, des gris-blancs. Ce sont les oeuvres d’il y a quelques années, et puis, dans les oeuvres actuelles, des teintes beaucoup plus vives (jaune, vert...) surtout dans les gouaches et aussi dans les toiles les plus récentes.

 

Mais, à propos de tout cela, j’aimerais citer Guy Lamy :

 

« Dans un tableau, je recherche d’abord le cadrage et la couleur, et aussi l’humidité de l’atmosphère. Si je suis devant un paysage, j’ai besoin, pour le recréer sur la toile, de ressentir un choc émotionnel. Un paysage que l’on aime, il faut le désirer longtemps à l’avance. Le jour où vous décidez de vous mettre au travail, l’ceuvre est déjà construite en vous. Alors il n’y a plus qu’à exécuter la toile en s’exprimant le plus simplement possible car une peinture ne doit pas heurter. Pour moi, une oeuvre picturale ne doit pas être une provocation, mais avant tout symphonie et poésie ».

 


 

Exposition de Guy Lamy au château de Pleujouse

 

LE PAYS - Samedi 15 mai 1976

 

Soubey en hiver : huile de Guy Lamy

 

Pour bien parler de quelqu’un ou d’une chose, il faut l’aimer. Pour peindre un paysage, il faut aussi l’aimer. Guy Lamy aime le Jura. La chose apparaît avec certitude dans les compositions de chez nous. En effet, c’est avec beaucoup de chaleur, de conviction, que Guy Lamy d’un pinceau généreux brosse une toile et fixe un sujet qu’il voit d’abord avec les yeux du coeur.

 

Si l’on trouve peut-être parfois au cours de l’exposition des compositions hâtives, il y a par contre de belles réussites, des toiles devant lesquelles on peut rester longtemps, très longtemps, dans une attitude de contemplation qui procure un sentiment de joie intérieure plénière. Cette joie, nous voudrions qu’un nombreux public la partage, d’autant plus que la Baroche en ces jours printaniers révèle toute sa beauté à travers ses vergers en fleurs, ses forêts au vert tendre, les méandres des sentiers qui courent à travers bois.

 

Rappelons aussi qu’une partie du produit de la vente est destinée au fond de restauration du château de Pleujouse qui lui aussi, connaît un nouveau printemps, grâce à M. Bach, un jeune Alsacien épris des vestiges du passé.

 

G. S

 


 

Le peintre Guy Lamy travaille aux nouveaux vitraux de la chapelle rénovée de Pleujouse

 

LE PAYS - Samedi 7 août 1976 (Page 3)

 

Guy Lamy procède à la coloration du verre.
« L’Annonciation », après la pose de la peinture de plomb.
Il reste à réaliser la coloration des surfaces blanches.

 

Restaurée avec goût il y a trois ans, la petite chapelle de Notre-Dame de Lourdes à Pleujouse, sera bientôt dotée de quatre nouveaux vitraux. C’est le peintre parisien Guy Lamy, bien connu chez nous où il a eu plusieurs expositions, qui a préparé les cartons et travaille depuis une semaine à la

 

réalisation de quatre vitraux qui ont pour thème : l’Annonciation, Notre-Dame de Lourdes, l’Assomption et Une Femme dans le Soleil (tiré de l’Apocalypse).

 

Les traits des dessins de Guy Lamy sont d’une grande pureté et expriment bien la beauté, la noblesse, la dignité de Marie. La technique employée est la peinture de plomb pour délimiter les surfaces et la peinture émail pour la coloration. D’après nos photos, on peut juger que ces vitraux seront une belle réussite. Guy Lamy aura probablement terminé son travail pour le 15 août. Nul doute que Pleujouse aura un vrai petit bijou avec cette chapelle située dans un écrin de verdure, loin du bruit et des poussières.

 

(Texte et photos G. S., « Le Pays ».)

 

Voir ici l’esquisse réalisée par Guy Lamy pour ces 4 vitraux